

CNews contre le service public : la télécommande a changé de camp.
Depuis plusieurs mois, le paysage médiatique français ressemble à un ring d’un côté, le service public avec sa présidente Delphine Ernotte, censée incarner la neutralité et la mission d’intérêt général.
De l’autre, CNews, devenue première chaîne d’information du pays, dopée par l’audience de « L’Heure des Pros » où Pascal Praud mène ses débats comme un boxeur qui ne lâche jamais ses gants. La mèche a pris feu quand Delphine Ernotte, auditionnée à l’Assemblée, a lâché que CNews serait « une antenne d’extrême droite » Une phrase courte mais explosive.
Dans un rôle financé par l’impôt, on attend d’elle qu’elle défende l’indépendance du service public, pas qu’elle colle des étiquettes idéologiques à un concurrent privé.
Résultat : une publicité gratuite pour CNews et une salve de critiques, y compris chez des journalistes du service public qui redoutent d’y perdre leur image de neutralité.
CNews n’a pas laissé passer l’occasion.
Les présentateurs ont retourné l’attaque, parlant de censure et rappelant que la présidente d’un groupe public n’a pas à juger leur ligne éditoriale Pascal Praud, lui, a vu l’audience grimper encore.
Chaque matin et soir , « L’Heure des Pros » aligne les débats, bouscule. Plus on l’accuse de provocation, plus les téléspectateurs affluent, curieux de ce qu’on cherche à leur interdire.
À gauche, l’inquiétude se sent. Les parts de marché s’effritent, les auditeurs migrent, pas dupes des manœuvres qui consistent à repeindre une idéologie en vérité officielle. Les appels au boycott ou les communiqués indignés tombent à plat.
Dans les couloirs de France Télévisions, certains applaudissent la franchise d’Ernotte, d’autres parlent d’erreur stratégique qui offre à CNews un rôle de victime héroïque.
Cette bataille dépasse un simple plateau télé chaque séquence devient un duel : invectives en direct, communiqués rageurs, menaces de coupes budgétaires.
L'arcom avec prudence refuse de jouer l’arbitre mais observe un climat où l’information se transforme en spectacle permanent.
Au fond, ce bras de fer révèle un basculement profond le public choisit lui-même ses sources, zappe les certitudes d’hier, échappe aux cadres que les rédactions pensaient immuables.
D’un côté un service public qui tente de défendre une parole commune mais vacille sous la pression politique et économique, de l’autre une chaîne privée qui prospère sur la controverse et s’affirme en championne d’un nouvel ordre médiatique.
Dans cette guerre de mots, la vérité devient une arme, l’audience un verdict, et qu’on l’aime ou non, Pascal Praud incarne ce déplacement du centre de gravité : le pouvoir n’est plus dans les mains des élites mais dans celles des spectateurs, la télécommande comme seul sceptre.
G Matta